L'ACR remet en cause la spécificité du scanner pour diagnostiquer le COVID-19
LUNDI 16 MARS 2020
Alors que des études récentes présentaient le scanner comme l’examen de base pour le dépistage du COVID-19, l’American College of Radiology vient de publier des recommandations qui modèrent ces premiers résultats. La spécificité de cet examen semble en effet inférieure aux test viraux de biologie.

À mesure que COVID-19 se propage, le rôle et la pertinence des radiographies thoraciques et de la tomodensitométrie (TDM) pour le dépistage, le diagnostic et la prise en charge des patients présentant une suspicion ou une infection connue à COVID-19 suscitent un intérêt croissant.
De nouvelles recommandations pour diagnostiquer le COVID-19
Pour modérer cet engouement, l’American College of Radiology (ACR) a publié, le 11 mars 2020, des recommandations visant à rappeler que, si la sensibilité du scanner était reconnue, sa spécificité restait à confirmer. À ce jour, commente l’ACR, la disponibilité des kits de tests viraux est limitée aux USA, ce qui a entrainé un report vers le scanner dans le contexte d'une infection connue ou suspectée au COVID-19, notamment lorsque les tests sont négatifs. Mais la connaissance évolue rapidement et toutes les informations publiées et accessibles au public ne sont pas complètes ou à jour.
L'ACR estime, dans un contexte de lutte contre la propagation du virus, que des considérations nouvelles doivent être prises en compte concernant l'utilisation de l'imagerie pour une infection suspectée ou connue au COVID-19. C’est ainsi que les Centers for Disease Control (CDC) ne recommandent pas actuellement aux USA la radiographie du thorax ou la TDM pour diagnostiquer le COVID-19. Les tests viraux de polymérase à transcription inverse (RT-PCR) restent en effet la seule méthode de diagnostic spécifique, même si les résultats radiologiques suggèrent COVID-19 sur la radiographie ou le scanner.
La spécificité du scanner reconnue comme inférieure aux tests viraux
En général, poursuit l’ACR, les résultats de l'imagerie thoracique en cas de COVID-19 ne sont pas spécifiques et se chevauchent avec d'autres infections, notamment la grippe, le H1N1, le SRAS et le MERS, comme nous l’indiquions dans un article précédent. Les recommandations ACR Appropriateness Criteria® sur les maladies respiratoires aiguës, mises à jour pour la dernière fois en 2018, indiquent que la TDM thoracique est « généralement inappropriée ». Dans ce contexte, la tomodensitométrie doit être utilisée avec parcimonie et réservée aux patients hospitalisés symptomatiques présentant des indications cliniques spécifiques.
Les établissements peuvent envisager, de plus, de déployer des modalités de radiographie mobiles dans les services de soins ambulatoires, à utiliser lorsque la radiologie conventionnelle est jugée médicalement nécessaire. Les surfaces de ces appareils peuvent être facilement nettoyées et évitent le déplacement des patients dans des salles de radiographie.
Bruno Benque avec ACR