Découverte au sujet des effets des faibles doses sur l'organisme
MARDI 24 JUIN 2014 Soyez le premier à réagirUne découverte intéressante a été faite récemment par Ingrid Nosel, ingénieur de recherche en biologie moléculaire, concernant les effets des faibles doses de rayonnement X sur l'organisme. Elle fait l'objet d'une thèse que la scientifique a publiée dans la revue de l'IRSN Aktis, que nous reprenons ici.
Les effets sur la cellule d'une exposition aux rayonnements ionisants à des doses inférieures à 100 mGy sont encore mal connus. La cellule diminue-t-elle en effet l'intensité de sa réponse de façon continue ou existe-t-il un seuil d'exposition en dessous duquel elle ne répond pas à l'irradiation ? Une partie de la réponse se trouve dans le dernier numéro d'Aktis, le magazine scientifique de l'IRSN. Dans un de ses articles, cette publication relate la thèse d'Ingrid Nosel, qui a analysé l'effet de 6 doses différentes de rayonnements gamma sur les gènes de lymphocytes T CD4 humains, l'un des types cellulaires clés du système immunitaire.
Découverte de l'action de l'irradiation sur certains gènes
A l'aide d'une méthode analytique biostatistique spécifique développée par elle-même, l'auteur de l'étude a identifié 2745 gènes présentant une expression modulée par une irradiation de 5 à 500mGy pendant 2,5 à 10heures, sur les 17 000 gènes effectivement exprimés dans les cellules prises en compte. Parmi ces gènes, l'analyse statistique en singularise 370 , répartis en 68 gènes dont l'expression augmente avec la dose reçue de la même façon que sous l'effet de fortes doses, et 302 autres dont l'expression augmente significativement dès 5 mGy, et reste à ce niveau, quelle que soit la dose, ce qui constitue une réelle découverte.
Perturbation fonctionnelle de la cellule à faible dose
Parmi ces 302 gènes, I. Nosel a identifié une majorité des acteurs intervenant dans le processus de la phosphorylation oxydative, mécanisme fondamental de la mitochondrie pour fournir de l'énergie à la cellule. Elle a donc pu identifier dans cette étude une perturbation fonctionnelle de la cellule même aux plus faibles doses d'irradiation. À ce stade, on ne peut pas en tirer d'information sur d'éventuelles conséquences à l'échelle de l'organisme. Mais cette perturbation pourrait constituer un indicateur d'exposition à de faibles doses de rayonnements ionisants après avoir vérifié que ce phénomène est spécifique de l'irradiation et qu'aucun autre « stresseur » ne conduit à une modification fonctionnelle identique.
Bruno Benque