La radiologie française se dote d'un écosystème national en Intelligence artificielle
LUNDI 04 JUIN 2018
À l'occasion d'un séminaire sur l'Intelligence artificielle organisé le 2 juin 2018, le Dr Jean-Philippe Masson et le Pr Jean-François Meder ont annoncé la création, par le G4, d'un écosystème national dédié qui utilisera les quelques 500 millions de dossiers radiologiques qu'il traite au quotidien.

La Fédération Nationale des Médecins Radiologues (FNMR) a organisé, le 2 juin 2018 à Lyon, un Séminaire sur l'Intelligence Artificielle (IA) et la radiologie.
Mieux connaître l'IA pour mieux l'appréhender
Cette session a été l'occasion d'entendre des acteurs renommés donner leur point de vue sur cette notion très à la mode mais qui, au final, n'est pas maîtrisée par tous les radiologues. C'est d'ailleurs ce qu'a souligné le Pr Paul CHANG, l'Université de Chicago, qui distingue deux groupes de praticiens, les enthousiastes et les craintifs. Et c'est parce que ces derniers n'en connaissent pas bien les principes qu'ils sont réticents. Il s'est donc attaché à décrire les contours de cette IA qui, selon lui, peut aider le radiologue à ré-humaniser ses pratiques. Il a notamment souligné l'importance du référencement des données dans le processus de l'IA et expliqué la différence entre le Machine Learning utilisé dans les logiciels d'aide à l'interprétation (CAD) et le Deep Learning, très complexe et gérant des volumes de données considérables, mais aussi très opaque quant à son mode de fonctionnement.
Le patient, usufruitier de ses données de Santé
Parmi les autres intervenants à cette journée, citons François BLANCHARDON, Président du comité régional Auvergne-Rhône-Alpes de FRANCE ASSOS SANTÉ, qui a donné quelques pistes d'amélioration de la relation patient - médecin radiologue, ou David GRUSON, de la Chaire Santé de Sciences Po Paris, pour ses observations sur l’éthique dans le développement de l’intelligence artificielle. Mais l'assistance a écouté avec une attention particulière Me Laure Soulier, du Cabinet d'avocats Aubert, pour ses déclarations sur le droit des données de Santé. Elle a démontré tout d'abord que ces données n'appartiennent pas au radiologue mais au patient qui en est seulement l'usufruitier, la vente de celles-ci lui étant interdite. Elle est revenue sur les nouvelles dispositions législatives en matière de protection des données et sur la RGPD. Ce texte interdit en effet le traitement des données personnelles, sauf en cas de consentement de l'intéressé, pour sauvegarder les intérêts vitaux ou dans le but de recherche scientifique, ce qui entre dans le cadre de la pratique du radiologue.
La radiologie française crée un écosystème national en Intelligence Artificielle
C'est enfin le Pr Jean-François Meder, Président de la Société Française de Radiologie (SFR), qui a essayé d'identifier les impacts de l'IA dans l'activité radiologique au quotidien. Il a mis en exergue tout d'abord la maîtrise ancienne de l'outil numérique par les radiologues, décrivant l'arrivée de l'IA comme une évolution plutôt que comme une rupture. Il a rapporté quelques visions prospectives de certains de ses confrères, citant notamment la possible disparition du radiologue au bénéfice du triptyque clinicien – manipulateur – IA, la baisse de la pertinence de la clinique au profit de l'image médicale ou la position de data scientist du radiologue de demain, auxquelles il a déclaré ne pas adhérer.
Le Dr Jean-Philippe Masson, Président de la FNMR, l'a ensuite rejoint pour annoncer la création, par l'ensemble des composantes du G4, d'un projet d'écosystème en Intelligence Artificielle dédié à l'imagerie médicale. Il s'agira d'utiliser les données images et les interprétations de quelques 500 millions de dossiers traités par la radiologie française dans son ensemble, afin de faire progresser la Santé des patients.
Bruno Benque