LES DEUX TIERS DE L’HUMANITE ATTENDENT GlobalDiagnostiX
MERCREDI 11 MARS 2015 Soyez le premier à réagirUn projet de coopération entre la Suisse et le Cameroun a permis de réaliser un prototype de modalité d’imagerie conventionnelle dédiée aux pays en voie de développement du sud. Cet appareil low-cost sera capable de résister à la chaleur et à l’humidité, et sera accompagné d’un module électrique fournissant les kilovoltages nécessaires.
L’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) a présenté le 9 mars 2015 à Lausanne, en présence de Patrick Aebischer, président de l’EPFL, Luciana Vaccaro, rectrice de la HES-SO, Adriana Velazquez, coordinatrice appareils médicaux à l’OMS, Samuel Nko’o Amvene, chef du service de radiologie du CHU de Yaoundé, Engelbert Manga, responsable de la coopération du Ministère de la Santé du Cameroun, une modalité d’imagerie diagnostique très particulière. GlobalDiagnostiX, c’est son nom, est un ensemble tube radiogène/capteur plan, conçu pour résister dans le temps aux conditions atmosphériques et aux fluctuations des réseaux électriques de certains pays africains.
Une modalité qui résiste à des conditions extrêmes
Dans ces régions, le taux d’humidité est tel que la plupart des appareillages modernes, comprenant de nombreuses fonctionnalités électroniques, se détériorent rapidement. De plus, l’instabilité électrique entraîne des dysfonctionnements dans la mise en oeuvre des tubes radiogènes qui n’emmagasinent pas assez d’énergie pour, lors de leur déclenchement, obtenir le flux de rayonnement voulu. GlobalDiagnostiX est donc une modalité sans électronique embarquée, sauf pour le capteur, qui a été spécialement conçu pour résister à la chaleur et à l’humidité. Les mouvements du tube sont commandés mécaniquement, les composants supports étant inoxydables. Quant à l’électricité, elle sera fournie par un module dédié, capable de fournir le kilovoltage nécessaire à une imagerie de qualité.
Un projet issu d’une coopération helvéto-camerounaise
GlobalDiagnostiX est le fruit de la coopération de plusieurs instituts de recherche suisses et camerounais. Il a été fabriqué par l’EFL, en collaboration avec des groupes de recherche en santé, ingénierie et design de l’HES-SO, le Centre Hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV), l’Institut Paul Scherrer, l’Institut tropical et de santé publique suisse et la fondation EssentialMed. Ont également participé à ce projet, le Centre universitaire de recherche sur l’énergie pour la santé au Cameroun et l’Hôpital universitaire de Yaoundé. Il s’agit d’un prototype, dont les qualités ont été éprouvées en laboratoire, et qui n’attend donc plus que des fonds pour pouvoir se confortter au terrain et être mis en production. La société à but social qui est en train de se mettre en place en vue de sa commercialisation n’aura besoin que 2 millions de francs pour lancer son projet.
Un appareillage low-cost spécialement adapté aux pays du sud
Il faut préciser ici que GlobalDiagnostiX est une modalité low-cost, dont le prix sera dix fois inférieur à un appareillage classique d’utilisation similaire. C’est pourquoi il est considéré comme parfaitement adapté aux pays du sud dont les ressources sont limitées. Des personnalités du monde de l’humanitaire, comme Pascal Hundt, chef de la division « Assistance » du Comité international de la Croix‐Rouge, soutiennent ce projet qui permettra de faire bénéficier la quasi-totalité des populations des pays en voie de développement, alors que, selon les études récentes, les deux tiers de l’humanité n’a pas accès aux disciplines radiologiques les plus primaires. Jeffrey Sachs, économiste et consultant de Ban Ki‐moon aux Nations unies, a pour sa part déclaré: « Nous suivons de près ce projet prometteur, qui s’intéresse dans sa globalité au défi des équipements médicaux.»
Bruno Benque