Prospective sur la radiologie en 2030
LUNDI 23 OCTOBRE 2017 Soyez le premier à réagirLa Conférence FUTURIM, première du nom, qui a été donnée lors des JFR 2017 a constitué un événement phare de ce congrès. Tout à tour, le Dr Françoise Sivignon, le Pr Michael Dake et M. Vincent Champain ont fait de la prospective pour annoncer la médecine en général, et de la radiologie en particulier, à l'horizon 2030.
L'un des temps forts des Journées Francophones de Radiologie (JFR) 2017 a été sans aucun doute la Conférence FUTURIM. Le Président Jean-Michel Bartoli et le Comité scientifique avaient souhaité, cette année, faire un peu de prospective en mettant en place une session dans laquelle on pourrait entrevoir ce que pourrait être la radiologie en 2030.
"La médecine humanitaire s'appuie désormais sur les ONG locales"
Pour ouvrir cette conférence, ils avaient invité le Dr Françoise Sivignon, radiologue, mais surtout aujourd'hui Présidente de Médecins sans frontières. Dans son discours, cette dernière a expliqué la genèse de cette évolution professionnelle. "Mon engagement est ancien, confiait-elle. Il a débuté lorsque j'exerçais comme radiologue au sein de l'Hôpital Rotschild, auprès des malades du Sida." Ses motivations à se mettre au service des populations les plus fragiles ont été forgées à cette époque, où il suffisait d'être volontaire et d'avoir quelques dollars en poche pour initier une action humanitaire à l'étranger. Les temps ont bien changé, poursuivit-elle. Nous nous appuyons aujourd'hui sur des ONG locales et essayons de faire changer les politiques de Santé des pays concernés."
"La Radiologie interventionnelle implantera bientôt des dispositifs de remplacement"
C'est ensuite le pionnier américain de la Radiologie Interventionnelle (RI) mondiale, le Pr Michael Dake qui a occupé la scène pour présenter le futur de la radiologie interventionnelle. "Le radiologue de demain sera un expert de la médecine personnalisée et de la prévention des maladies chroniques, s'est-il exclamé dans sa langue maternelle. Et la RI sera thérapeutique et restauratrice, bien sûr, mais pourra aussi implanter des dispositifs de remplacement ou avoir des visées palliatives. Cela sera possible grâce à la convergence des solutions informatiques et des dispositifs médicaux implantables." Il prévoit en effet que quelques 5 millions de patients seront implantés tous les ans. "La médecine va entrer dans l'ère du Distributive care, qui utilisera l'intelligence artificielle pour prendre en compte l'hérédité, les caractéristiques socio-professionnelles ou l'hygiène de vie des patients", a-t-il prédit. Nous verrons apparaître, petit à petit, un type de médecine sans médecin, où les patients seront monitorés en permanence et n'entreront que très rarement à l'hôpital. C'est un marché d'environ 7 milliards de dollars qui peut potentiellement s'ouvrir." Et, pour conclure son propos, Michael Dake a lancé à l'assistance: "Innovate or die !"
"La majorité des radiologues est très intéressée par les nouvelles technologies"
L'économiste Vincent Champain a enfin pris la parole pour évoquer les transformations que l'intelligence artificielle provoquera dans l'exercice médical, et plus particulièrement radiologique. Après un rapide retour sur l'évolution du volume des données radiologiques depuis 20 ans - 5ko pour une image 2D, 35Mo pour la 3D, 5Go pour la vidéo (5Go) et 200 Go pour un génome – il s'est attelé à rendre compte de l'énorme masse de données de santé actuellement en circulation. "Ce Big Data fera évoluer, demain, les systèmes d'information vers le cloud computing, avec des architectures informatiques plus agiles au design plus moderne, a-t-il annoncé. L'intelligence artificielle développera le machine learning." Il décrivit alors ces machines apprenantes, capables de filtrer les informations pour n'en garder que les pertinentes. Il prit comme exemple une expérience qui montra dernièrement qu'un robot était capable de classifier des photos de pathologies cutanées plus précisément et plus rapidement que les dermatologues eux-mêmes. "Les radiologues n'ont, en majorité, par peur de ces évolutions, a-t-il poursuivi. Une enquête commandée par la Société Française de Radiologie (SFR) les décrit comme très intéressés par les nouvelles technologies à 66%, le Dossier Médical Informatisé (DPI) et le CAD notamment, qu'ils jugent propices à une meilleure qualité des diagnostics, mais aussi les plateformes de formation en ligne (92%) ou de mutualisation des images et de collaboration (88%). Ils sont même 82% à considérer l'Intelligence artificielle comme un bénéfice pour leur activité future."
Cette conférence FUTURIM, première du nom, a fait l'objet d'une assistance record et d'un intérêt tout particulier, notamment chez les jeunes praticiens ou les internes en radiologie présents. Nul doute que de nouvelles éditions seront organisées au cours des prochaines années.
Bruno Benque