Sureté nucléaire en milieu de Santé: résultats encourageants selon l'ASN en 2017
MERCREDI 02 MAI 2018
L'implication des acteurs de la radioprotection en milieu médical semble porter ses fruits. Le bilan publié par l'ASN dans ce domaine objective en effet une augmentation des événements significatifs dans toutes les disciplines, sauf en radiothérapie où les changements technologiques font l'objet d'un suivi adapté.

L'Autorité de Sureté Nucléaire (ASN) a publié comme chaque année, le 12 avril 2018, son bilan sur l'état de la sureté nucléaire et de la radioprotection en France en 2017. Comme à l'accoutumée, le domaine médical y est largement développé.
D'après les données collectées en 2016 par l’IRSN, 227 980 personnes travaillant dans le médical et le vétérinaire ont fait l’objet d’une surveillance dosimétrique de leur exposition. À eux seuls, la radiologie médicale (50 %) et les soins dentaires (22 %) regroupent 72 % des personnels médicaux exposés. Et comme depuis quelques années, près de 99 % d'entre eux ont reçu une dose efficace annuelle inférieure à 1 mSv, ce qui confirme la tendance à la révision des contraintes réglementaires de suivi sur ce champ.
Des déclarations d'ESR en augmentation
Ce sont néanmoins les Événements Significatifs en Radioprotection (ESR) enregistrés en 2017 qui attirent notre attention. Depuis 2012, le nombre d’ESR déclarés en milieu médical est de l’ordre de 500 par an. En 2017il est monté à 568. Cette augmentation touche principalement la radiologie (conventionnelle et scanographie) et, dans une moindre mesure, la médecine nucléaire. Il est probable que la mise en place du télé-service de déclaration des événements auprès de l’ASN ait facilité cette démarche, en particulier, dans le domaine de la radiologie. En radiothérapie d'autre part, la tendance est à la baisse progressive depuis 2015.
Pour aller plus dans le détail, l'ASN objective environ 80 % des événements déclarés qui proviennent des services de scanographie (29 %), de radiothérapie (25 %) et de médecine nucléaire (26 %). Pour la première fois depuis la mise en place du système de déclaration des ESR en 2007, la scanographie est le domaine pour lequel le nombre d’ESR déclarés par an est le plus important. Les résultats concernant la radiologie interventionnelle sont quant à eux rassurants. Seulement 24 événements significatifs ont été déclarés dans le domaine des pratiques interventionnelles radioguidées, 5 pour dépassement de dose pour les travailleurs, 9 pour surexposition de patients, 4 pour exposition de femmes enceintes et 6 concernant le matériel de protection ou de dosimétrie.
Bien évaluer l'impact des changements technologiques dans les pratiques de radiothérapie
Le progrès technologique en radiothérapie est très important depuis quelques années. L’ASN constate que les changements techniques, organisationnels ou humains dans ce contexte ne font pas suffisamment l’objet d’une analyse d’impact sur l’activité des opérateurs, ce qui peut nuire au niveau de suivi atteint ces dernières années. C'est la raison du lancement, en coopération avec les professionnels, du projet IMRTH (Impact d’une modification en radiothérapie) destiné à évaluer ces changements et à prendre les mesures nécessaires pour sécuriser l'environnement de travail.
En 2017, 148 événements ont été déclarés en radiothérapie, soit une augmentation de 28 % par rapport à 2016, concernant quasi exclusivement l’exposition de patients, sans conséquence clinique pour 97% d'entre eux. Par ailleurs, 3 ESR de niveau 2 ont été déclarés en 2017 en radiothérapie, 2 pour surdosages après des recoupes de deux traitements et d’un surdosage en radiothérapie de contact. Il est probable que, comme pour la radiologie, l’ouverture en 2017 du télé-service de déclaration de l’ASN ait contribué à cette augmentation.
Bruno Benque